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Ce que le Plan santé va changer pour les patients

Écrit par sur septembre 18, 2018

Emmanuel Macron a dévoilé ce mardi le plan «Ma Santé 2022 » qui doit rebâtir notre système «pour les 50 prochaines années». Voici ce que vont changer les 54 mesures prévues dans le quotidien du patient.

Injecter 3,4 milliards d’euros d’ici 2020, faire tomber les murs entre l’hôpital et la ville, supprimer le numerus clausus qui limite la formation de nouveaux médecins, changer le mode de paiement des actes… Le Plan santé, présenté ce matin par Emmanuel Macron, en présence d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé, prévoit 54 mesures afin de créer un « nouveau système de santé pour les cinquante prochaines années ». Mais concrètement, qu’est-ce que ces mesures vont changer pour les patients, leur accès aux médecins et à la qualité de ses soins ?

Dans l’immédiat, pas grand-chose, mais on devrait constater de vrais changements, le Président de la République l’espère, d’ici « 2-3 ans d’efforts collectifs ». La réalité sera sans doute plus nuancée dans certains domaines comme l’accès à un médecin.

On regrettera que si beaucoup de mesures ont déjà été mises en place par Agnès Buzyn, ministre de la Santé (vaccination obligatoire, tests de dépistage…), rien de vraiment nouveau et radical n’ait été prévu en matière de prévention – notre maillon faible – par exemple pour les jeunes, contre l’alcoolisme… Mais l’impulsion du changement vers une organisation plus pragmatique est indéniable.

Vous irez chez votre médecin… jusqu’à 20 heures (et sans frais ?)

Tous les patients le savent, aller aux urgences hospitalières, c’est l’assurance de passer de nombreuses heures à attendre, parfois pour rien. Mais il n’y a pas d’avance de frais… Emmanuel Macron l’a rappelé : un passage sur cinq aux urgences (qui coûte 250 euros à l’Assurance maladie) pourrait être pris en charge par un médecin de ville.

Le Plan santé prévoit donc une incitation financière des médecins libéraux pour qu’ils s’organisent mieux qu’aujourd’hui pour assurer les consultations non programmées, tous les jours et jusqu’à 20 heures. « J’aurais préféré 22 heures, mais on me dit que ça risque de déclencher la guerre, a lâché en riant le président. Donc ce sera au moins 20 heures. »

Cette réorganisation, ce remaillage des urgences en ville, appelées aussi « permanence des soins », devra couvrir tout le territoire d’ici 2020. Enfin, le président ne s’est pas étendu, mais il a laissé entendre que pour inciter le patient à préférer le cabinet du médecin, il fallait régler la question de l’avance de frais. On semble donc s’orienter vers une consultation prise en charge à 100 %.

Un nouvel assistant dans le cabinet du médecin

C’était une revendication de la quasi-totalité des syndicats de médecins, particulièrement généralistes : la création de postes d’assistants dans les cabinets de ville pour dégager du temps médical. Car en 15 ans, selon le ministère de la Santé, le nombre de consultations disponibles a baissé de 15 %, du fait de corvée administratives, d’aspiration à travailler autrement…

Le Plan santé les a entendus : 4 000 postes d’« assistants médicaux » seront créés dès 2019. Les patients les verront avant tout dans les zones d’extrême désertification médicale. Mais Emmanuel Macron qui parlait devant de nombreux représentants de la santé l’a promis : « On en créera autant qu’il faudra. »

Ces nouveaux personnels soulageront le médecin du travail administratif et pourront l’aider dans certains actes simples comme la prise de tension, de mensuration, de poids… 4000, c’est peu, au regard des 100 000 médecins libéraux qui les attendent, pas sûr qu’ils soient tous satisfaits.

Accès aux soins : une mutuelle à 1 euro par jour

Agnès Buzyn l’a révélé lundi au « Parisien » – « Aujourd’hui en France », il y aura, dès 2019, une réforme des aides à la complémentaire santé, avec fusion de la CMU-C (gratuite, pour les publics les plus fragiles), et de l’ACS, l’aide à la complémentaire santé. Objectif, que les 7 millions de futurs bénéficiaires accèdent soit gratuitement, soit tout au plus pour 1 euro par jour, à une couverture complémentaire.

Fin du paiement à l’acte

Fini le chèque en fin de consultation ? C’est un des piliers de l’organisation des soins en France, en ville comme à l’hôpital : le paiement à l’acte, avec ses effets pervers rappelés par Emmanuel Macron : « la course à l’acte, parfois au détriment de la qualité ».

Le Plan santé prévoit donc un nouveau mode de rémunération, à l’hôpital, mais aussi en ville, basé sur le principe du forfait. Cela concernera dans un premier temps les consultations pour diabète et insuffisance rénale.

Dès 2019, 240 millions d’euros seront dégagés à cet effet. Mais ce mode de rémunération a vocation à se généraliser. Emmanuel Macron a d’ailleurs indiqué les médecins qui s’orienteront précocement vers cette rémunération au forfait seront « favorisés », sans doute sous forme de prime.

Votre médecin libéral vous suivra à l’hôpital

Le Plan de santé prévoit de labelliser dans un premier temps 500 à 600 hôpitaux de proximité dans lequel les médecins de ville pourront venir suivre leur patient. Une autre façon de décloisonner notre système de soins.

Un dossier médical et un espace numérique personnels

Attendu de longue date, annoncé pour la mi-octobre, le déploiement du dossier médical personnel sur l’ensemble du territoire débutera en novembre, a annoncé le président Macron. Le patient disposera également en ligne d’un « espace numérique » dans lequel il trouvera « un bouquet d’informations et de services ».

Fermeture de certains services de proximité

Vous aviez le reflex jusque-là, parce que c’était plus simple, de solliciter le chirurgien local pour accoucher, vous opérer du genou… Dans un objectif de monté en puissance de la qualité des soins, le président Macron a prévenu : « Je ne laisserai pas ouvert des services où personne n’enverrait ses enfants. »

Dans le collimateur présidentiel, probablement les quelque 400 services pointés du doigt par diverses études pour leur manque de pratique et donc leur perte d’expertise. Mais, a précisé Emmanuel Macron, ces services seront remplacés par des services de soins de proximité (soins de suite et réadaptation après opération, par exemple).