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Manga iconique des récits de survie, « Battle Royale » est réédité en France

Écrit par sur août 27, 2018

Piégés sur une île, quarante-deux collégiens, dont la classe a été tirée au sort, sont obligés de s’entre-tuer jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Dès sa sortie en France, en 2003, le manga Battle Royale ne laisse pas le public indifférent. D’entrée de jeu dramatique et violent, le premier tome s’écoule à 80 000 exemplaires dans l’Hexagone, ce qui le place parmi les best-sellers du moment et ouvre la voix à de nombreuses bandes dessinées de survival game, des récits de jeux de survie. Les éditions Soleil/Delcourt ont décidé de rééditer ce succès en tome double, à compter de mercredi 22 août.

Un succès qui s’explique en partie par la dimension politique du récit. Derrière cette compétition annuelle macabre se cache un programme pour asservir la jeunesse et étouffer la rébellion, orchestrée par une dictature socialiste d’Asie suggérant un Japon totalitaire dans un futur alternatif.

Avant de prendre vie dans un manga de quinze tomes publiés dans l’Archipel à partir de 2000, Battle Royale est un roman de Koushun Takami, paru un an plus tôt. Le romancier prend part activement au scénario de l’adaptation en bande dessinée de sa dystopie, perçue aussi comme une métaphore sur le contrôle social.

Mythe culturel de l’école japonaise

Si le concept des histoires de last man standing existait, le titre même de l’œuvre empruntant au vocabulaire du catch, l’auteur innove en l’exploitant dans un milieu scolaire japonais, et en proposant un véritable exutoire face à la pression pour la réussite sociale. « Le fait d’amener une classe à s’entre-tuer crée quelque part un mythe culturel de l’école japonaise », avance Iker Bilbao, directeur éditorial aux éditions Soleil. « Cela renvoie aux valeurs de cohésion et d’esprit d’équipe qui s’opposent à certains comportements individualistes, mais aussi à la notion très présente de bouc émissaire. »

« Doit-on marcherseul pour espérers’en sortir ou faire équipe… ? »

Car la question centrale de la série n’est pas tant le « pourquoi » de ce programme, mais plutôt : « Doit-on marcher seul pour espérer s’en sortir ou faire équipe pour détruire cette mascarade ? » C’est ce questionnement qui va orchestrer toutes les actions et les relations des élèves sur l’île d’Oki, pendant les trois jours de massacre. Pour le héros, Shuya Nanahara, orphelin révolté au grand cœur, pas de doute, l’union fait la force face à ce programme inique et darwiniste.On ne compte plus le nombre d’œuvres sœurs que Battle Royale a pu inspirer, notamment dans le manga où les survival gamesd’écoliers sont nombreux. Mais aussi dans la littérature adolescente, à l’image de la trilogie américaine Hunger Games. Toutefois, plus de quinze ans après, Battle Royale tient honorablement le haut du pavé. Ce que Iker Bilbao explique par la qualité de la narration : « L’écriture y est beaucoup plus forte que pour d’autres mangas du genre, qui se reposent énormément sur le dessin. Les personnages, même s’ils sont parfois manichéens, sont attachants, et la dramaturgie reste solide jusqu’à la fin. »

De même, les règles du jeu ne s’émoussent pas, ne se floutent pas en arrière-plan de l’intrigue, offrant un ciment solide aux quinze volumes. Une garantie de suspense, et une bouée pour les lecteurs qui doivent déjà suivre le parcours d’une quarantaine de personnages.